HEC Stories parle de leadership sensible
Quelle est la place de la sensibilité ?
Dans certains pays, elle est vénérée, comme les “gurus” en Inde, et dans d’autres elle est persécutée, comme dans certaines régions de Madagascar.
Dans notre société, on associe la sensibilité aux personnes appelées HP, atypiques, zèbres… Ils ont une manière d’être, d’agir plus ou moins en marge d’un système, souvent « out of the box ».
Et si nous observons les grands leaders qui ont influencé positivement un pays, un sport ou une entreprise, ils ont intégré pour la plupart une sensibilité liée à l’humain et son écosystème.
Les crises récentes du Covid ou de la guerre en Ukraine, les défis environnements, les dérèglements climatiques, les défis sociaux économiques, poussent progressivement de plus en plus de leaders à évoluer d’une intelligence à dominante volontaire et analytique vers une conscience orientée sur l’observation, l’écoute de soi et de son environnement, le partage, l’humilité et l’intelligence collective.
Naturellement, cela fait émerger un nouveau genre de leadership. Plus intuitif, plus sensible, plus à l’écoute, il s’intéresse à l’impact des humains sur la société et l’environnement. C’est le leadership sensible.
Qu’est-ce qu’un leader sensible ?
Un leader sensible est un individu qui développe sa sensibilité en déployant ses différentes ressources pour réaliser ses aspirations.
Sa nature sensible lui permet d’être comme un radar qui capte des informations complexes pour en faire une synthèse.
D’abord, il observe et il écoute.
Cette capacité est due à son système nerveux cognitif et corporel très éveillé. Il capte l’information par son ressenti et son intuition. Quand il décide de passer à l’action, il est rapide. On le reconnaît par son énergie transformatrice et la fulgurance de ses pensées.
Pourquoi est-il important de s’ouvrir au leadership sensible ?
Selon un rapport de Futur of Jobs (WE Forum), les compétences les plus demandées d’ici à 2025 seront la tolérance au stress, la résilience, la flexibilité, la créativité, le leadership, la communication et l’influence sociale. Le leadership sensible est une réponse car il allie la connaissance de soi à un positionnement d’influence.
Vigilance, attention au cloisonnement
Le leader sensible agit à partir de son centre, son alignement profond. Aujourd’hui, on observe de nouvelles tendances : défiances multiples, fragmentations, urgence climatique, le défi des inégalités, la vulnérabilité sociale, les exodes urbains, les néovacanciers, les néosurvivalistes, une créativité et une profusion de start-up pour répondre à de multiples défis, le slow living, la slow food, la slow fashion…
Sont séduits ceux et celles qui sont en recherche de déconnexion ou qui ont envie de vivre des expériences en lien avec la nature ou le développement personnel. Il est important de garder une grande vigilance sur ces pratiques qui ont tendance à renforcer le cloisonne- ment entre la vie professionnelle et personnelle et non à créer du lien.
Rappelons que le premier besoin du leader sensible est la quête de sa vision. Plus il fera du lien entre ses relations, ses ambitions professionnelles, sa vie personnelle, sa santé, la quête de soi, la quête spirituelle (sans être dogmatique, ni religieux), plus il sera inspiré et inspirant.
Trois conseils pour développer son leadership sensible
#1 : Définir un challenge assez fou
Loin d’être égocentrique, les challen- ges stimulent la créativité du leader sensible. Cela lui permet de concréti- ser son ambition souvent orientée sur l’optimisation des systèmes et des organisations et le bien-être de ses acteurs.
#2 : Créer un environnement relationnel de qualité De nature curieuse, le leader sensible s’intéresse à de multiples sujets. Pour maintenir sa curiosité, il est indispensable qu’il tisse un réseau de passion- nés ou d’experts partageant des centres intérêts.
#3 : Pratiquer une activité physique
Que ce soit du jogging, des arts martiaux, du yoga ou du taï-chi, le leader sensible entretient son corps. La pra- tique lui permet de récupérer plus vite, de stimuler sa réflexion pour trouver des réponses, des solutions.
Perspectives…
Aujourd’hui, les neurosciences montrent l’importance du corps dans le développement de la conscience individuelle.
Cette conscience se révèle en s’ouvrant à la sensibilité et non à la sensiblerie.
Des études en psychologie de la per- formance (Le Secret des performants du Dr Fanny Nusbaum, éd. Odile Jacob, 2021) montrent que le “driver” de ceux qui réussissent est le challenge et le dépassement de soi.
Le leader sensible combine l’alliance du sage et du performer, qui lui donne une place indispensable pour les besoins émergents des entreprises et des organisations en pleine croissance ou en pleine transformation.
Deux ans avant les JO 2024 avec le slogan « Ouvrons grand les Jeux » nous allons voir certainement émerger dans beaucoup d’organisations un leadership sensible pour le plus grand bien de notre société.
Aujourd’hui Leader Sensible accompagne ceux qui souhaitent s’engager dans une telle démarche. Pour faciliter ce passage et gagner en efficacité a été créé le modèle CME qui permet d’avoir une cartographie individualisée sur trois niveaux pour monter en puissance et accélérer la mise en œuvre d’un projet.
Pour conclure, laissons-nous nous inspirer de la modernité de ces mots de Ghandi : « À une époque, le lea- dership résidait dans les muscles, aujourd’hui il réside dans la façon de traiter les gens. »
Thibaut Ramanantsiarovana, athlète (équipe de France de kettlebell, médaille d’argent aux championnats du monde 2021). Entrepreneur, intervenant pour du coaching d’organisation à HEC, APM, et coach pour dirigeants et sportifs de haut niveau, impliqué dans des projets d’insertions à Madagascar.
Pascal Perzo (E.01), Entrepreneur, Conseiller de Leader Sensible™️
Cette article est paru dans HEC Stories Autonme 2022
